dimanche 22 septembre 2013

Médecine générale: dernier arrêt avant le désert



Chère lectrice, cher lecteur,

Tu t'en doutes peut-être déjà un peu, mais la vision que je souhaite partager de cette magnifique profession qu'est celle de médecin généraliste, c'est avant tout une vision d'avenir.

Quand j'ai choisi de devenir généraliste, c'est pour m'installer et suivre une patientèle d'une vie. Je ne sais pas si cela sera possible, si j'en aurai le courage aussi, mais aujourd'hui l'envie est bien là.

Cependant, je crains pour mes futurs pairs encore en étude. Je crains qu'ils n'aient peur de s'engager dans cette voie si tortueuse, alors qu'ils ne rêvent que de te soigner, toi qui lit ces lignes. Avec rigueur et attention, élevées dans un enseignement moderne de la médecine générale, à leur honneur comme à celui de notre fier pays. Mais aussi et avant tout avec écoute et attention, car c'est le métier qu'ils auront choisi par vocation première, afin d'apaiser tes maux et t'accompagner dans la souffrance, le doute ou la maladie.

Nous somme beaucoup à vouloir faire en sorte que les choses s'améliorent, et nous travaillons, chacun à notre niveau, à ce que cela aboutisse. Je souhaites, chère lectrice, cher lecteur, que tu auras la force et le libre-arbitre de te faire TA propre opinion au-dessus de ce que laisseront filtrer les médias, et c'est pour ça que je t'aime.


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Médecine générale :

dernier arrêt avant le désert



Comment sauver la médecine générale en France et assurer des soins primaires de qualité répartis sur tout le territoire ?


Marisol Touraine présente ce lundi sa Stratégie nationale de santé. Cet évènement constitue l'occasion de nous rappeler à son bon souvenir, rappel motivé par l'extraordinaire enthousiasme qui avait accompagné nos propositions (voir plus bas les 600 commentaires) dont aucune n'a été reprise par la Ministre.

Nos idées sont concrètes et réalistes pour assurer l'avenir de la médecine générale et au-delà, des soins primaires de demain.

Notre objectif est de concilier des soins de qualité, l’éthique de notre profession, et les impératifs budgétaires actuels.

Voici une synthèse de ces propositions.

Sortir du modèle centré sur l’Hôpital

Depuis des décennies, l’exercice de la médecine ambulatoire est marginalisé, privé d’enseignants, coupé des étudiants en médecine. La médecine hospitalière et salariée est devenue une norme pour les étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à délaisser de plus en plus un exercice ambulatoire qu’ils n’ont jamais (ou si peu) rencontré pendant leurs études.

Cette anomalie explique en grande partie les difficultés actuelles. Si l’hôpital reste le lieu privilégié d’excellence, de recherche et de formation pour les soins hospitaliers, il ne peut revendiquer le monopole de la formation universitaire. La médecine générale, comme la médecine ambulatoire, doivent disposer d’unités de recherche et de formation universitaires spécifiques, là où nos métiers sont pratiqués, c'est-à-dire en ville et non à l’hôpital.

La formation universitaire actuelle, pratiquée quasi-exclusivement à l’hôpital, fabrique logiquement des hospitaliers. Pour sortir de ce cercle vicieux, il nous semble nécessaire de réformer profondément la formation initiale des étudiants en médecine.

Cette réforme aura un double effet :

Rendre ses lettres de noblesse à la médecine « de ville » et attirer les étudiants vers ce mode d’exercice. Nous ne pouvons reprocher aux étudiants en médecine de ne pas choisir une spécialité qu’ils ne connaissent pas.

-  Apporter des effectifs importants de médecins immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.

Il n’est pas question dans ces propositions de mesures coercitives aussi injustes qu’inapplicables contraignant de jeunes médecins à s’installer dans des secteurs déterminés par une tutelle sanitaire.

Toute mesure visant à obliger les jeunes médecins généralistes à s’installer en zone déficitaire aura un effet repoussoir majeur. Elle ne fera qu’accentuer la désaffection pour la médecine générale, poussant les jeunes générations vers des offres salariées (nombreuses), voire vers un exercice à l’étranger.

Une véritable modernisation de la formation des médecins est nécessaire. Il s’agit d’un rattrapage accéléré d’opportunités manquées depuis 50 ans par méconnaissance de la réalité du terrain. Si la réforme Debré de 1958 a créé les CHU (Centres Hospitaliers et Universitaires), elle a négligé la création de pôles universitaires d’excellence, de recherche et de formation en médecine générale. Ces pôles existent dans d’autres pays, réputés pour la qualité et le coût modéré de leur système de soins.

Idées-forces

Les principales propositions des médecins généralistes blogueurs sont résumées ci-dessous. Elles sont applicables rapidement.

  • Enseignement de la Médecine Générale par des Médecins Généralistes, dès le début des études médicales

  • Construction par les collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé pluridisciplinaires qui deviennent aussi des maisons médicales de garde pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les professionnels de santé locaux.

  • Décentralisation universitaire qui rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital :

Ces maisons de santé se voient attribuer un statut universitaire. Elles hébergent des externes, des internes et des chefs de clinique (3000 créations de postes). Elles deviennent des MUSt : Maisons Universitaires de Santé qui constituent l’équivalent du CHU pour la médecine de ville.

  • Attractivité de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y enseigner :

Statut d’enseignant universitaire avec rémunération spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle à l’activité.

  • Création d’un nouveau métier de la santé : “Agent de gestion et d’interfaçage de MUSt” (AGI).

Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt, les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants. De façon générale, les AGI gèrent toute l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité de soin. Ce métier est distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt. Les nouveaux postes d’AGI pourraient être pourvus grâce au reclassement des visiteurs médicaux qui le souhaiteraient, après l’interdiction de cette activité. Ces personnels trouveraient là un emploi plus utile et plus prestigieux que leur actuelle activité commerciale. Il s’agirait d’une solution humainement responsable. Il ne s'agit en aucun cas de jeter l'opprobre sur les personnes exerçant cette profession.

  • Les « chèques-emploi médecin »

Une solution innovante complémentaire à la création du métier d’AGI pourrait résider dans la création de « chèques-emploi » financés à parts égales par les médecins volontaires et par les caisses.

Il s’agit d’un moyen de paiement simplifié de prestataires de services (AGI, secrétaires, personnel d’entretien). Il libérerait des tâches administratives les médecins isolés qui y passent un temps considérable, sans les contraindre à se transformer en employeur, statut qui repousse beaucoup de jeunes médecins.



Nos propositions et nos visions de l’avenir de la Médecine Générale, postées simultanément par l'ensemble des 86 participants, sur nos blogs et comptes Twitter, le 23 septembre 2013, sont des idées simples, réalistes et réalisables, et n'induisent pas de surcoût excessif pour les budgets sociaux.

L’ensemble des besoins de financement sur 15 ans ne dépasse pas ceux du Plan Cancer ou du Plan Alzheimer ; il nous semble que la démographie médicale est un objectif sanitaire d’une importance tout à fait comparable à celle de la lutte contre ces deux maladies.

Ce ne sont pas des augmentations d’honoraires que nous demandons, mais des réallocations de moyens et de ressources pour rendre son attractivité à l’exercice libéral.


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Les participants à l'opération (Noms ou Pseudos Twitter) :

1.     Docteurmilie
2.     Dzb17
3.     Armance64
4.     Matt_Calafiore
5.     Docmam
6.     Bruitdessabots
7.     Ddupagne
8.     Souristine
9.     Yem
10.   Farfadoc
11.   SylvainASK
15.   DrKalee
16.   DrTib
17.   Gélule, MD
18.   DocAste
19.   DocBulle
21.   Dr Stephane
23.   Docteur_V
24.   Dr_Foulard
25.   Kalindéa
26.   DocShadok
27.   Dr_Tiben
29.   PerrucheG
30.   BaptouB
33.   MimiRyudo
35.   DrGuignol
36.   DrLebagage
38.   CaraGK
39.   DocArnica
40.   Jaddo
41.   Acudoc49
42.   AnSo1359
43.   DocEmma
45.   GrangeBlanche
47.   Borée
48.   10Lunes
50.   OpenBlueEyes
51.   nfkb
52.   Totomathon
53.   SophieSF
54.   SuperGélule
55.   BicheMKDE
56.   Knackie
57.   DocCapuche
58.   John Snow
59.   Babeth_Auxi
60.   Jax
61.   Zigmund
63.   DrNeurone
65.   YannSud
66.   Nounoups
68.   Boutonnologue
70.   Une pédiatre
71.   Heidi Nurse
72.   NBLorine
73.   Stockholm
74.   Qffwffq
75.   LullaSF
76.   DocteurBobo
77.   Martin Minos
78.   DocGamelle
79.   Dr Glop
80.   Ninou
82.   UrgenTic
83.   Tamimi2213
84.   Doc L
85.   DrLaeti
86.   LBeu



(Les 600+ commentaires sont ICI)

Comment ne pas être ébranlé par les centaines de commentaires enthousiastes de jeunes médecins, de professionnels de santé ou de patients face à nos propositions ? Pourquoi ne pas aider les jeunes médecins à la fois à réaliser leurs rêves et à se mettre efficacement au service de la santé des Français ?
Les propositions de réforme de la médecine générale des 24 médecins blogueurs ont reçu plus de 1000 signatures de soutien.



Twitter : @PrivesDeMG ou https://twitter.com/PrivesDeMG

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